De nouveau à l’hôtel Ibis, nous étions un peu moins nombreux, ce mercredi 11 décembre, pour notre « Rendez-vous Territoire ». Le thème est introduit en trois points par André Darmagnac.
1 – Penser le territoire par rapport à la région urbaine de Paris. Les élus municipaux, en parlant toujours de l’intérieur de l’horizon communal, entrainent la population dans ce manque de recul. Mais avec le temps les pages se tournent, les antagonismes se dépassent. D’autre part, il n’est pas aisé de se hisser à une échelle nettement plus large, intermédiaire entre la Région Ile de France et la commune. L’échelle d’une grande ville. Il serait vain de rechercher l’équilibre habitat-emploi au niveau de chaque commune. Cela se traite au niveau bassin de vie, soit à l’échelle de Grand Paris Sud. De même pour des questions comme la paix sociale, l’invention socio-culturelle, le sauvetage de la planète… tous points qui relèvent d’un métier très différent, éclairé par des techniciens et conseils de très haut niveau.
2 – Avec ses trois centralités, témoins de trois moments différents d’une même histoire, initiée depuis 2000 ans dans la cuvette de Corbeil-Essonnes, Grand Paris Sud est un territoire équilibré, offrant tous les niveaux de choix. Un territoire de grande ville. C’est le dynamisme de Corbeil-Essonnes qui a fait monter la ville sur les plateaux voisins. Bien que très proches dans le temps, les deux autres centres ont des styles bien distincts. Le plateau d’Évry-Courcouronnes est un témoin typique du rêve urbain de 1968, alors que le plateau de Sénart est un beau spécimen de la mode de « ville à la campagne », installée depuis les années 1980-90. Une ville toutefois un peu plus dense que les lointaines périphéries, où les gens à bas salaires très éloignés de leur travail posent des problèmes sociaux.
3 – L’idée de ville à la campagne approche peut-être de ses limites. La ségrégation socio-spatiale agite depuis un certain temps les banlieues pauvres. La crise des gilets jaunes vient s’y rajouter. Des critiques commencent à s’élever sur l’absence de politique d’aménagement du territoire et de l’urbanisme. Certaines métropoles françaises, comme Nantes, prennent des initiatives d’animation, pour inventer de nouveaux rites sociaux urbains et pour contrer le désamour de la ville. Le sociologue Henri Lefebvre revient à la mode. Il avait inspiré le rêve urbain de 1968 (retour à la rue et aux centres urbains). L’étranger nous renvoie ses idées car après avoir été oublié en France, il est devenu très populaire en Amérique, en Afrique du Sud et dans les organisations internationales.
Fidèle à sa réputation de rêveur, André Darmagnac imagine l’émergence d’un militantisme de « néo-urbains », qui pourrait stimuler nos trois centralités. Le centre commercial Évry2 va dans ce sens en s’ouvrant sur la place des Terrasses, espace de citoyenneté entre le théâtre et la Maison des syndicats. À Lieusaint, d’autres activités de centre viennent s’ajouter au Carré Sénart.
Peu convaincue, l’assistance témoigne d’une emprise toujours dominante de « la ville à la campagne ». La sortie en ville se fait toujours au profit de Paris. Nos trois centres ne sont pas très attractifs. La métropole parisienne se limite toujours à la première ceinture autour des 20 arrondissements intra-muros.
L’EPEVRY a commis quelques erreurs en construisant beaucoup d’immeubles supérieurs à quatre étages, et en mettant de la location là où étaient prévus des programmes en accession. Cela empêche la valorisation patrimoniale de suivre l’évolution de la rive droite de la Seine. Maintenant, une rapide unification institutionnelle de Grand Paris Sud ne risquerait-elle pas de compromettre certains acquis ? Toutefois, comme toute grande ville, l’ensemble du territoire Grand Paris Sud offre une ample variété d’itinéraires résidentiels.
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