
Le socle d’Evry ville nouvelle – Géologie, architecture, modes de vie
L’idée d’analyser, pour un territoire donne, les rapports entre géologie, architecture et mode de vie, peut paraitre surprenante. Elle a pourtant été mise à l’ordre du jour par les élus de notre secteur, lorsqu’ils ont été confrontés a la gestion des Pyramides, un quartier qui se voulait révolutionnaire. Conçu dans les années soixante, dans une période de paroxysme de l ‘ivresse techniciste dans les milieux de la construction, le quartier émerge d’un contexte où les écoles d’architecture ne parlaient plus que de « trames » de « dalles ou de « mailles ». Né dans les années 20-30, le mouvement moderne en venait à rechercher des mécanos d’éléments produits en usine, montables sur site par les entreprises de construction, démontables et remontables à volonté. La ville devenait, dans les esprits, un site artificiel totalement affranchi des références au sol naturel. On imaginait pouvoir mettre le niveau principal de circulation piétonne au 1er, 2e, 3e étage, pour tout un quartier. Le Corbusier n’avait-il pas célébré le « plan libre » basé sur une structure poteaux/ dalle, sans mur porteur ? Ce système allait conduire, un jour, à une totale flexibilité cadre bâti.
Le projet des Pyramides marquait une avancée significative vers ce rêve d’architectes. II fut célébré par tous les médias nationaux, en même temps que deux autres réalisations phares de la France : la ” Villeneuve ” de Grenoble-Echirolles, et ” I’ Alma-gare à Roubaix. Toutes trois furent de belles réussites de mixité sociale dans leurs débuts, mais sont classées aujourd’hui dans les quartiers populaires en difficulté.
Cependant très vite, la gestion des Pyramides révéla toutes sortes de problèmes. Les élus qui en avaient la charge accusèrent d’irréalisme, cette utopie de décoller du sol naturel. Là se trouvait, à leurs yeux, la source de tous les maux. Mais voilà que quarante ans plus tard, Dihiya Aït Aoudia, une jeune fille qui a grandi dans le quartier, reprend la question pour son mémoire de diplôme d’architecte. Suffit-il d’accuser le cadre bâti, et de casser ou de couler du béton, pour résoudre des problèmes sociaux ? Elle en doute.
Mémoires et Avenir de la Ville Nouvelle aussi. C’est pourquoi nous avons décidé de pousser plus loin l’analyse de la situation.
Quels sont, et quels peuvent être, les rapports entre le cadre physique d’ un territoire et les modes de vie de ses habitants ? Quelles données entrent en jeu dans pareille équation ?